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VII
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Il regarda au dehors pendant un long moment.
Ses maux de tête avaient repris dernièrement, et il
n’arrivait plus à dormir, tellement la douleur devenait obsédante.
Il plaqua sa main moite contre la vitre glacée.
Aussitôt, un cercle de buée se forma autour de ses doigts. La
fraîcheur du verre le calma un peu.
Son esprit enfiévré passa en revue ce qui
constituait toute son existence.
Il n'avait que cinq ans quand Ils vinrent le prendre.
Il se souvenait de ses parents, surtout de sa mère qui pleurait
et le serrait fort contre elle avant qu’on ne le lui arrache.
Lui aussi pleurait. Il voyait son père, plaqué à terre après
que l’un d’entre Eux ne l’ait frappé d’un violent coup au
visage. Il se souvenait de tout. Il s’en souvenait parfaitement.
Ils le gardèrent quinze ans durant. Prisonnier, isolé
du monde extérieur. Il avait depuis longtemps compris pourquoi
Ils l’avaient enlevé. Parce qu’il était différent. Parce
qu’il leur faisait peur.
Mais le moment viendrait bientôt où il Leur ferait
payer. Il avait joué leur jeu, subtilement, depuis tout ce temps,
mais la lourde flamme de la vengeance ne s’était jamais éteinte
en lui, et bientôt, il pourrait la laisser Les dévorer tout
entier...
Son esprit n’était que
rage et vengeance, mais il était heureux à l’idée de tenir le
destin de ses geôliers entre ses mains. Bientôt, très bientôt,
l’esprit de la Vengeance consumerait ce monde qu’il détestait...
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La petite Cathy descendit le sentier en riant. Son père,
garde forestier, la laissait souvent jouer dans les bois autour de
chez eux. Elle avait grandi ici, dans la nature, familière des
animaux et des plantes. Elle entendait au loin le chant de sa mère
en train d'étendre le linge. Elle lui avait appris quelques
chansons que la petite demoiselle s'amusait à fredonner pendant ses
promenades en forêt.
Le temps était splendide aujourd'hui malgré la fin
de la saison des campeurs, qui peu à peu s'en étaient tous aller.
Tous sauf un, qui venait au contraire à peine d'arriver. C'était
un beau jeune homme d'allure fine et à la voix très douce. Ce
gentil monsieur lui avait parlé après son passage dans le bureau
de son père, et il lui avait dit qu'il voulait visiter la réserve
naturelle où elle vivait, au cœur des Rocheuses.
Il lui avait dit qu'il venait d'un pays très loin au
de là de l'océan, formé de quelques îles qu'on appelait le
"Japon". Il était arrivé en Amérique il y a trois
semaines et était resté en Californie jusqu'à ce qu'il décide de
monter plus au nord, dans l’Oregon, pour visiter les grands
espaces forestiers d'Amérique du nord. Il lui avait d'ailleurs
promis de repasser lui dire au revoir quand il retournerait chez
lui, de l'autre côté de l'océan.
L'océan...
Cathy ne l'avait elle-même jamais vu. Elle avait huit
ans et n'était jamais sortie de ses montagnes. Tout ce qu'elle
avait vu du Pacifique se ramenait à ce qu'elle voyait à la télé,
au gré des feuilletons et des documentaires. La plus grande étendue
d'eau qu'elle avait jamais vue était un petit lac où elle allait
se baigner en été. Elle essayait de s'imaginer ce que ça pouvait
être une étendue d'eau si grande qu'il fallait prendre l'avion
pour la traverser...
En parlant du lac, Cathy se dit qu'elle pouvait bien y
faire un tour. Elle leva les yeux et vit le contrefort montagneux
qui dominait tout le paysage. C'était vraiment une très grande
montagne, avec de la neige au sommet, même en été. Son père lui
avait dit que son travail était aussi de surveiller la montagne
avec des gens qui s'appelaient des "sismologues", parce
qu'il y avait des risques que la montagne éclate un jour ou
l'autre. Le mot que son père avait utilisé était un peu compliqué.
Elle fit un effort pour se souvenir, lui arrachant une petite
grimace de concentration.
Elle se souvint tout d'un coup du mot : c'était
"éruption"...
C'est à ce moment là
qu'elle entendit le grondement du tonnerre.
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Des ruines fumantes. C'est tout ce qu'il restait de
Leur base souterraine. Le sol s'était effondré, comblant les
galeries les plus profondes.
Il contemplait le spectacle avec un ineffable plaisir.
Son plan avait marché à la perfection, il avait tout prévu.
Aucun détail ne lui avait échappé. Aucun.
Il était assoiffé de vengeance, et ce qu'il venait
de faire là n'était qu'un début. Car il leur ferait payer, à
tous, aussi nombreux, aussi puissants soient-Ils. Il avait tué
ses geôliers un à un, mais ils n'étaient pas les seuls à
devoir mourir. Il avait un compte à régler avec les services
secrets américains, et cela ne finirait pas avant qu'il n'ait
retrouvé ce qu'il avait perdu...
Une douleur nouvelle lui
vrilla le cerveau. Ses migraines empiraient d'heure en heure. Que
se passait-il donc ? Qu'est-ce qui lui faisait si mal ?
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Cathy vit déferler un énorme nuage gris de la
montagne. Le sol tremblait autour d'elle. La tranquillité de la
forêt céda à un vacarme de panique. La petite fille entendait
la fuite éperdue des animaux, et instinctivement, elle sut
qu'elle aussi devait courir.
Elle fonçait aussi vite que ses petites jambes le
pouvaient, elle s'arrêta pour reprendre son souffle. Elle vit en
contrebas la station de son père. Des silhouettes en avaient
jailli et prenaient la fuite dans une Jeep. Elle pensa à sa mère,
qui était encore à la maison. Le nuage grossissait à toute
allure derrière elle.
Elle se remit à courir. Elle devait rentrer, prévenir
sa mère. Vite, vite !
Elle vit la maison, à plusieurs centaines de mètres.
Sa mère hurlait son nom, non loin de là. Cathy jaillit des fourrés
pour retrouver aussitôt les bras de sa maman, qui pleurait
d'inquiétude. Son père n'était pas là, il était sûrement à
la station. Le nuage de cendres grises s'approchait à toute
allure, et la lumière du soleil déclinait rapidement alors que
le nuage couvrait plus de la moitié du ciel. Cathy vit les arbres
et les rochers se faire avaler par l'effrayante masse sombre. Elle
avait peur, et serra sa mère plus fort. Elles se dirigèrent vers
la maison en courant.
Mais il était trop tard. Le nuage était sur elles.
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Il se tenait le crâne, affrontant la douleur qui le
submergeait. C'était comme si son cerveau grondait de l'intérieur,
exprimant une tension croissante à l'intérieur de sa tête, une
tension qui la ferait bientôt éclater...
Cela claqua soudain, comme sa colère un peu plus tôt,
mais à une échelle démesurée. Une voix étrange gronda dans son
esprit tandis que des images assaillaient son cerveau. Des débris
se mirent à flotter tout autour de lui tandis que le sol grondait
de plus en plus fort.
Il se rendit compte que ce qui demandait à éclater
n'était rien d'autre que sa rage, sa colère amplifiée par tout ce
qu'on lui avait pris, par tout ce qu'il avait perdu... Il ressentit
le besoin de crier : tuer ses geôliers ne lui suffisait pas, sa
vengeance voulait plus, elle voulait beaucoup plus...
Le sol grondait tel un séisme.
La voix dans son esprit se fit plus distincte, une
voix grave qui forçait le respect... D'autres images
l'assaillirent, et il les vit. Sa mère. Son père. Leurs cadavres,
baignant dans le sang. Il ne le savait pas. Il ne savait pas qu'ils
étaient morts. Tout ce temps il avait espéré, il avait espéré
les retrouver. Il avait été prêt à tout pour cela, il avait tué
ses ravisseurs, un à un. Il n'y avait plus d'espoir à présent,
plus de raison de se battre... Plus rien, plus d'espoir...
"Si, il y a encore une raison."
Toujours cette voix, étrangement familière.
"Il te reste la vengeance..."
L'image des cadavres de ses parents assaillit à
nouveau son esprit.
Il hurla sa fureur, sa colère et sa haine. Des larmes
coulèrent sur ses joues. L'amplitude de sa rage fut telle qu'il fut
soulevé de terre. L'énergie de cette rage le servait, et le
servirait encore, il l'avait bien compris.
Une colonne de lumière écarlate le frappa alors. Il
fut transporté non loin de là, soulevé par cette effrayante énergie.
Une imposante montagne y gardait un secret si vieux qu'on n'en
connaissait plus l'origine. Mais lui le connaissait, car son destin
était là.
Instinctivement il leva le bras et fit un geste en
direction du sommet montagneux. Une gigantesque explosion souffla la
roche, et le volcan perdit plus du tiers de sa hauteur. Car c'était
bien un volcan. C'était le Mont Rainier, au nord des Montagnes
Rocheuses.
Un immense nuage de cendres déferla, la colonne
sombre s'élevant à des kilomètres dans le ciel. Un éclat rouge
transperça les cendres. C'était ce qu'il cherchait. C'était son
armure de Berserker. Un buste de métal rouge rehaussé d'or et de
cuivre flamboyants, en posture défensive, brandissant un bâton
relativement court, un mètre au plus, et forgé dans un étrange métal
terne. Le masque de l'armure semblait plongé dans une intense réflexion.
Il se laissa guider vers l'armure et la revêtit
d'instinct. Le bâton, couvert d'innombrables inscriptions et de
caractères intraduisibles, dégageait une force mystérieuse, mais
en le touchant, le Berserker fut submergé par un Savoir divin - le
Savoir que les précédents Berserker cumulaient depuis des temps
immémoriaux, tout le savoir en fait sur toutes les batailles du
passé, depuis que les hommes avaient appris à se battre, tous les
détails, toutes les méthodes, toutes les stratégies. Tout l'Art
de la guerre reposait dans ce simple bâton à l'apparence si
anodine. Tout cela dans une simple barre de métal...
Il y trouva des réflexions nombreuses, et des
conclusions auxquelles il était lui-même parvenu du temps où il
travaillait pour les services secrets américains. Il avait planifié
pour eux plus d'une guerre, plus d'un rapport stratégique, toujours
avec succès. Ils s'étaient arrogé son intelligence de force,
sachant la menace qu'il représenterait s'il venait un jour à
passer du "mauvais côté"...
Mais c'était terminé. Il servirait désormais un
seigneur qu'il respectait, le grand Ares, le Seigneur de la Guerre.
Car il était désormais le
Berserker qu'on connaîtrait sous le nom de Stratège...
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Cathy était terrifiée, elle pleurait à chaude
larme. Elle ne voulait pas mourir. Non, elle ne voulait pas.
La lumière céda la place à l'obscurité, elle serra
les dents.
Rien ne se produisit.
Elle et sa mère rouvrirent les yeux. Elles comprirent
alors.
Il était là, le jeune homme d'il y a deux jours. Il
se tenait face à la masse sombre des cendres brûlantes, les bras
en croix. Sur ses avant-bras, Cathy vit deux curieuses plaques de
métal d'où partaient deux chaînes de métal luisant. Les chaînes
étaient agitées d'un étrange mouvement circulaire faisant
obstacle au souffle volcanique. Son pantalon était taché de boue
et des égratignures couvraient son visage. Il semblait souffrir
en essayant de retenir le nuage de cendres. Il se retourna, et
leur cria :
"Partez ! Partez, je ne tiendrai pas longtemps
!"
Déjà les deux chaînes faiblissaient. Le nuage,
stoppé un instant, commença à le submerger.
Cathy se releva et tira sa mère éberluée. Elles
coururent à leur voiture et démarrèrent en trombe pour
descendre la route à toute vitesse. La petite fille, sur le siège
arrière, se retourna et lui fit signe que tout allait bien.
Le jeune homme était sur le point de craquer. Il
devait tenir encore un peu, leur laisser le temps de s'échapper...
Le Chevalier Andromède braqua ses deux chaînes dans
un ultime effort, avant d'être submergé par le souffle de la
nature en colère. Son corps fut emporté.
Ses chaînes formèrent un cercle autour de son corps
pour lui éviter des brûlures trop graves dans ces cendres
surchauffées...
Il perdit finalement
connaissance.
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Il attendait, patiemment, que son ennemi se réveille.
Il avait détecté sa présence peu après avoir revêtu sa Furie,
un éclat de cosmo-énergie dans le feu des cendres brûlantes.
Il était venu voir, curieux de jauger les Chevaliers
d'Athéna. Son bâton lui avait tout révélé sur les millénaires
de batailles entre Ares et cette déesse, partageant tour à tour
victoires et défaites. La dernière fois, c'était le Seigneur
Ares qui avait perdu, mais cette fois ce serait différent.
Le Stratège y veillerait.
Ce Chevalier était connu sous le nom d'Andromède, et
son armure possédait deux chaînes de bronze appelées "Chaînes
Nébulaires". C'était un adversaire redoutable, mais non
invincible. Il restait cependant dans l'expectative, car il ne
disposait pas d'informations concernant la personne qui portait
cette armure, en l'occurrence un jeune homme, un adolescent même
vu son visage fin et son corps frêle. Et c'était de cela que
viendrait ou non la victoire d'Ares : des capacités profondes de
ses ennemis et non de leurs armes. Et c'était le devoir du Stratège
que de s'enquérir de cela.
Le Chevalier Andromède esquissa enfin un mouvement.
Bien. Le moment du test était
venu.
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Shun se releva péniblement. Ses chaînes pendaient à
ses côtés, inanimées.
Il sentait une présence pourtant. Il se retourna et
le vit.
Vêtu d'une armure au métal écarlate, d'une taille
supérieure à la moyenne, les cheveux blond pâle, cet homme le
regardait. Son regard était intéressé, apparemment sans
hostilité, mais une étrange froideur émanait de lui.
Shun devait se méfier pourtant, car il avait senti la
cosmo-énergie de cet individu exploser il y a quelques heures, et
à ce moment là, c'était une aura de haine qui s'exprimait dans
sa plus grande fureur. De la haine, pure et pleine, comme celle de
son frère, Ikki, lorsqu'il était encore à la solde du
sanctuaire et du Pope imposteur... Une haine suffisante pour déchaîner
toute la furie d'un volcan...
Que devait-il attendre de cet homme qui semblait le
regarder avec tant d'attention ?
Il n'avait pas son armure avec lui, seulement ses chaînes.
Il n'était pas prêt pour un affrontement.
"Quel est ton nom, Chevalier d'Andromède ?
-
Je... Mon nom est Shun. Et vous, qui êtes vous ?
-
Je suis le Stratège d'Ares, l'un des neuf Berserkers.
-
Le Stratège d'Ares ?! "
Ares ?! Shun entr’apercevait à peine tout ce que
cela signifiait. Il regarda autour de lui pour s'apercevoir que
tout ce versant des Rocheuses avait été dévasté par l'éruption
du Mont Rainier. Plus rien. La végétation était calcinée, des
cadavres d'animaux carbonisés gisaient ça et là. Shun eut
l'horreur de voir que des hommes faisaient partie des victimes. Un
bourg entier avait été réduit en cendres. Tout le paysage était
recouvert par cette lugubre poussière grise crachée des
entrailles de la terre. Il repensa à la petite fille et à sa mère.
Ont-elles pu s'en sortir ?
Soudain, le guerrier d'Ares leva son court bâton de métal
sombre qui lévita à quelques centimètres de sa paume levée. Il
se mit à tourner lentement et les caractères gravés sur sa
paroi commencèrent à luire. Il s'élança alors dans sa
direction.
Shun se mit en position de garde, ses chaînes
reprirent vie tout à coup, sentant la montée d'une brusque
hostilité chez ce nouvel adversaire. Cet homme venait de passer
du calme le plus absolu à la rage la plus furieuse.
Les chaînes se placèrent d'abord en position défensive,
Shun attendait de voir ce dont l'autre était capable.
Le Stratège empoigna son bâton et l'envoya dans la
spirale protectrice de la chaîne défensive d'Andromède. Contrôlant
le bâton à distance, d'un geste habile il enroula la chaîne
autour du bâton et tira d'un coup sec. La chaîne répliqua par
une violente décharge électrique, mais cela resta sans effet car
le Stratège ne touchait pas le bâton...
La spirale fut rompue, l'une des chaînes étant
immobilisée par le bâton : Shun, surpris, lança alors son autre
chaîne à l'attaque...
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En un instant, il calcula la trajectoire du serpent de
métal. Il évalua le champ énergétique dégagé et comprit le
risque d'électrocution. Il lança alors son bâton immobiliser
l'une des chaînes, celle dont la fonction était apparemment défensive.
Restait l'autre chaîne de métal. Elle fonçait dans
sa direction.
Vitesse de plus de cinq cent km/h.
Trajectoire courbe, accélération connue.
Champ énergétique dégagé faible.
Son esprit calcula la trajectoire sans difficulté.
Après plusieurs esquives, il détermina la routine de
fonctionnement de la chaîne, son mode de trajectoire selon la
distance à l'adversaire et la vitesse de ce dernier, il comprit
ses étonnantes capacités itératives, son degré certain
d'intelligence, mais surtout, son extrême prévisibilité.
Il évolua rapidement dans l'espace dégagé
disponible, forçant la chaîne d'Andromède à tisser un réseau
complexe et apparemment chaotique. Chaque détail était pourtant
connu, calculé, prévu.
Soudain, d'un geste, il manipula son bâton qui entraîna
l'autre chaîne dans une course bien précise.
Apparemment, le Chevalier d'Andromède était surpris.
Il s’y attendait, vu que tout ce qui venait de se produire
n'avait pris que trois centièmes de secondes.
Cette chaîne était certes une arme extraordinaire,
mais elle était prévisible. Elle pouvait libérer toute la
puissance qu'elle pouvait contenir, cela serait inutile si on
connaissait son fonctionnement.
Par définition, aucune arme n'était absolue,
ni celle là ni aucune autre. Même son propre bâton répondait
à certains critères qui le définissaient dans son
fonctionnement.
N'importe quel esprit doté
d'intelligence pouvait dès
lors trouver une faille.
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Shun commença à paniquer. Son adversaire prévoyait
chacun des coups portés par sa chaîne offensive, tandis que
l'autre chaîne était immobilisée par cet étrange bâton de métal.
Tout allait très vite, sa chaîne était au maximum
de sa vitesse, et pourtant, son adversaire parvenait à prévoir
sa trajectoire et à l'esquiver. Se pouvait-il qu'il lise l'avenir
? Ou bien avait-il une intuition remarquable ?
Soudain le bâton se mit lui-aussi en mouvement, selon
une trajectoire que Shun ne comprenait pas. Cet adversaire
agissait-il au hasard ? Se pouvait-il que son intelligence soit au
contraire élevée au point de pouvoir prévoir les moindres
gestes de la chaîne, tout en planifiant une façon de le vaincre
?!
Une telle idée était plausible. Il avait affaire au
"Stratège"...
Mais ces pensées n'avaient fait que le distraire. Il
se rendit compte trop tard de ce qui était en train de se
produire.
D'un geste sec, le Stratège éloigna soudain le bâton
tout en s'écartant lui-même d'Andromède. Shun se retrouva
soudainement emmailloté dans ses propres chaînes ! Cet homme
avait tissé un filet
autour de lui en manipulant les trajectoires de ses chaînes, et
avait d'un geste resserrer son étreinte !
Shun se retrouva à terre, sa chaîne défensive d'un
côté, retenue par le bâton de métal sombre, sa chaîne
offensive de l'autre, tentant désespérément de frapper un
adversaire qui la narguait !
Il était trop tard lorsqu'il comprit que c'était
l'entêtement de sa chaîne à poursuivre son adversaire qui
l'avait perdu. Plus sa chaîne attaquait, plus l'étreinte se
resserrait sur son corps, une étreinte suffisante pour briser
n'importe quoi. Il était lui-même le premier au courant de la
puissance de sa propre
arme...
"Chaîne Nébulaire, arrête-toi !"
Il rappelait sa chaîne afin d'amoindrir l'étreinte
de sa propre arme, qui tomba inanimée, déchargée de la volonté
de son propriétaire. Shun n'en restait pas moins prisonnier des
rets tissés par son adversaire, qui le maintenait toujours par
son autre chaîne...
Le Stratège le regarda calmement, alors que Shun
cessait de se débattre. Le Chevalier d'Andromède pourrait-il
briser ses propres chaînes, connues pour être les plus solides
de l'univers..? Le Stratège attendait sa réaction.
Shun comprit alors. Tout ce combat était un test.
Le Stratège ne se battait pas réellement, pour preuve, il
n'avait utilisé aucune technique offensive, sinon la propre arme
de son adversaire ! Il murmura calmement :
"J'abandonne, Stratège, tu as gagné ce
combat."
L'autre gardait son regard étonnamment froid et
calculateur. Il y avait longtemps que sa fureur avait disparu. Se
pouvait-il qu'il ne soit entré dans cet état d'esprit dans le
seul but de provoquer la colère de la chaîne ? Shun était
terrifié par l'intelligence qui se révélait à lui.
"Chevalier Andromède, je vais t'épargner pour
l'instant, car j'ai un message pour celle que tu sers. Annonce à
Athéna le réveil d'Ares, et que tout ce qui se passe en ce
moment à travers le monde n'est que le premier signe de son
retour. Annonce à celle que tu sers qu'une nouvelle ère
commence, et que mon Seigneur est prêt à prendre sa
revanche..."
Brusquement, levant le bras, il projeta son bâton par
de là l'horizon, emportant Shun avec lui.
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