Hengsen - la Danse des jours



			III
			Le 9 février, début de soirée "Princesse, vous devez absolument vous isoler pour la préparation du mariage ! - C'est impossible, j'ai autre chose à faire. - Majesté, je vous implore, que dirait votre père devant votre conduite ?" Il aurait voulu que je vive. La Princesse soupira. Elle devait s'en remettre à ses amis. Elle devait faire confiance à Eshin, Ryu et Samu. Elle n'avait pas le choix, les impératifs du mariage l'exigeait. Et il était hors de question que Kaji soit mis au courant. Puisse Zanonai veiller sur eux tous. "C'est d'accord. Allons-y."

			"Nous devons faire vite. Auras-tu le temps d'expliquer tout cela à Ryu ? - Oui, fais moi confiance. Occupe-toi d'aller enquêter sur le poignard." Le médecin se hâta de se rendre auprès dans le bureau du Capitaine de la Garde du Shogun, laissant Eshin se glisser dans l'ombre comme il en avait l'habitude. Il parvint, hâletant, devant la porte. Il fut arrêté par un garde qui l'empêcha d'avancer. "Dites à Ryu-sama que je dois le voir. Immédiatement. c'est une affaire de haute-sécurité."

			"C'était donc cela... -Oui. Les examens de l'encre sont formels, elle a été composée à partir de sang mêlé à des réactifs destinés à lui conserver son éclat. - Avez-vous une idée de l'individu auquel ce sang appartient ? - Cela nous est malheureusement impossible. Nos connaissances en la matière sont encore trop imparfaites. La meilleure solution serait encore de procéder à un rituel de communion avec les ancêtres de celui ou celle à qui ce sang a été pris. La réponse serait immédiate. - Un tel rituel prendrait une journée complète pour être réalisé, et nous n'avons pas autant de temps devant nous. Les célébrations du mariage commencent demain. - Je suis navré d'avouer ici mon impuissance, Ryu-san. - Ne vous excusez pas, Takahiwa- sensei. Votre aide m' été précieuse." Soudain, un vacarme provenant du couloir les interrompit. "Je vous dit que je dois parler au Capitaine de la Garde ! Otez-vous de mon chemin ! - Arrêtez, Samu-sensei ! Nos ordres sont formels ! Personne ne doit déranger Ryu-sama en ce moment, il est en réunion importante ! - Oserez-vous insinuer que la Sécurité du Shogun et de la Princesse Pimiko sa promise ne sont pas prioritaires ?" Ryu sortit de son bureau, en congédiant le doyen de l'Académie Takahiwa. Il trouva Samu Jiro au prise avec trois gardes. Il ne put s'empêcher de sourire à cette vue. Le médecin était désarmé, face à trois hommes armés, et il n'avait pas peur, ni ne s'inquiétait des convenances. C'était l'une des principales raisons pour laquelle il respectait Samu. Le médecin était avant tout un pragmatiste, qui se souciait moins des formes que des faits. Le Capitaine s'approcha, et les trois gardes baissèrent leurs naginata et s'agenouillèrent devant lui. "Vous pouvez disposer. Je m'occupe de lui. - Hai" Le médecin était essoufflé, mais étrangement pâle. Ryu l'introduisit dans son bureau, et congédia le doyen Takahiwa. Une fois ce dernier sorti, Samu prit la parole. "Je suppose qu'il t'a dit que l'encre était composée à partir de sang, n'est-ce pas ? - Comment es-tu au courant ? - Ce sang est le mien. - Que veux-tu dire..?"

			Haito Kanakura était des plus occupés. Ses travaux sur la poudre allaient enfin être reconnus, et il obtiendrait un succès sans précédent avec ses artifices de lumière. La poudre lui avait coûté beaucoup, mais elle lui avait aussi, à plusieurs reprises, sauvé la vie, et il faisait confiance à la Science et au Savoir - comme tout Scarabée qui se respecte. Les ouvriers s'activaient autour des installations qui serviraient à illuminer la nuit du 11 février, le soir du Nouvel An, mais aussi la soirée la plus importante du Mariage entre le Shogun Kaji et la Princesse Pimiko. Il contempla leur travail, donnant des ordres de ci de là quand c'était nécessaire. Pourvu que ses calculs soient justes. Il savait que le seppuku l'attendrait s'il faillissait à sa promesse envers le Shogun.