Tout s’enchaînait trop vite.
Seiya décida de réagir, et tenta de pénétrer par
la fenêtre ouverte dans l’espace par le Samouraï.
Ce dernier le retint.
« Et ta réponse ? »
Seiya le regarda droit dans les yeux.
« Jamais je ne trahirai Athéna. »
Alors des étincelles d’énergie verdoyantes
tourbillonnèrent autour de lui, alors que le Samouraï brandit à
nouveau ses lames.
« Soit, tu as choisi ton camp. Tu peux continuer
de servir les Dieux, si la soumission est ce que tu désires le
plus… »
Le Samouraï passa sans difficulté à travers la fenêtre,
laissant Seiya derrière lui, immobilisé dans un piège spatial.
Il retomba sur ses pieds, juste derrière le trône
blanc d’Athéna.
C’est alors qu’il brandit une de ses lames,
pointant son bout vers le ciel. A cet endroit, l’espace s’ouvrit
à nouveau, et deux paires de chaînes en jaillirent, plus
exactement, des menottes de fer noir, aux reflets lugubres. Le
Samouraï en prit une, et l’attacha aux mains d’Athéna encore
ébahie par ce qui venait de se passer. Le Stratège prit la seconde
paire de menotte, et l’attacha aux deux bras d’Ares, à présent
inanimé.
Les Chevaliers d’Athéna tentèrent d’intervenir,
suivant les Berserkers fidèles à Ares...
La voix du Stratège résonna à travers l’Arène.
« Ne bougez plus, vous qui servez la futile
volonté des Dieux ! L’heure est venue pour l’Humanité de
s’affranchir de ses entraves – voici venu le moment, enfin,
c’est au tour des Dieux de plier sous les chaînes ! »
Il montra les menottes de fer noir.
« Ces artefacts anciens ont le pouvoir de maîtriser
même les Dieux – désormais, ce ne sont plus que des hommes
auxquels vous faîtes face. Nos égaux, et non plus nos maîtres »
Tous virent Athéna tenter de se relever – et tenter
de déployer son aura divine. Mais rien.
Rien !
Ils virent son regard effaré.
« Il est temps pour les Dieux de céder la
place, pour une nouvelle ère – et ces chaînes seront notre
instrument !
-
Ce sont de mes chaînes que tu parles, Berserker ? »
Tous se retournèrent d’un bloc, vers celui qui
venait de parler.
Une silhouette trapue et à la jambe tordue se tenait sur les premières
marches du colisée créé par Ares. A ses côtés, un autre homme,
grand, mais âgé, vêtu d’une simple tunique blanche et usée –
un homme aux yeux opaques, un homme aveugle.
« Qui es-tu ?
-
Je suis celui qui a forgé ton armure, Berserker,
ainsi que celle de tous ceux qui sont ici présents. Je suis celui
qui ai armé les Dieux et leurs serviteurs. Je suis Héphaïstos, le
Dieu Forgeron !
-
Im… impossible !
-
Et je suis aussi celui qui a forgé ces chaînes que
vous venez de passer aux mains d’Ares et Athéna… »
Un silence ébahi parcourut l’assistance, même chez
les Berserkers renégats.
« Ce que vous faites est folie. Pensez-vous que
les autres Dieux vous laisseront faire ? Alors même qu’Ares
et Athéna ne sont que des enfants parmi les Dieux ?
-
Nous nous moquons de tes avertissements, Héphaïstos !
L’heure d’une nouvelle ère est venue, l’Age de l’Humanité !
-
Arrêtez-vous, tant qu’il en est encore temps !
Je connais ces menottes que vous venez de passer aux bras d’Ares :
je les ai créées, il y a des éons de cela – à son intention. »
De la stupeur s’afficha sur tous les visages.
Ainsi ces menottes avaient à l’origine été forgées
pour maîtriser Ares ?
Qu’est-ce que tout cela signifiait ?
Le Samouraï lança un cri de guerre, auquel se
joignirent les autres Berserkers renégats. Il fit danser ses lames
dans l’espace, et le corps d’Ares, comme celui d’Athéna, s’élevèrent
dans les airs. Athéna appela ses Chevaliers à son secours.
Le Tueur se porta au devant du groupe des Berserkers
renégats, et invoqua l’essence de son pouvoir originel – l’Entropie.
Seiya, Shiryu, Shun, Hyoga – ils se rendirent compte alors
qu’ils n’avaient qu’entrevu les véritables pouvoirs du Tueur.
Ils étaient loin, très loin de la vérité. Le Tueur cria :
« Par le Néant et l’Oubli ! »
Et un gigantesque tourbillon se forma au centre de
l’arène, aspirant tout en son centre, où tout disparaissait. Ce
n’était pas un passage vers une autre dimension, ce n’était
pas un puits vers l’Enfer : l’attaque du Tueur ramenait
simplement ses victimes au Néant originel, ce Néant même d’où
l’Univers est sorti. Chevaliers comme Berserkers hurlèrent,
tentant de résister à l’énergie entropique déchaînée par le
Tueur.
Alors les renégats s’échappèrent, malgré Héphaïstos
qui tentait à tout prix de les retenir.
Disparurent par la fenêtre ouverte dans l’espace
par le Samouraï :
Le Stratège, brandissant son bâton couvert des runes
de l’Histoire.
L’Aigle Rouge, traînant Athéna impuissante derrière
lui.
Le Tueur, portant le corps inconscient d’Ares.
Le Tigre, enfin, emporta Marine, évanouie dans ses
bras.
Et le Samouraï finalement referma le passage, qui
disparut derrière eux.
« Non ! Marine ! Athéna ! »
C’était la voix de Seiya.
Avec le départ du Samouraï, il avait été libéré
de sa prison spatiale.
Berserkers comme Chevaliers se regardèrent. Ils étaient
tous trop abasourdis pour dire quoi que ce soit.
Ce fut de nouveau Héphaïstos qui brisa le silence :
« Vous tous, venez avec moi. J’ai à vous
parler. »
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